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publié par Mickaël Adamadorassy le 11/02/04
Blueberry - Jan Kounen
Jan Kounen

ils avaient tout pour réussir : le budget très ostensible, un réalisateur qui sait épater la galerie, tout un univers déjà façonné par les bds avec une identité graphique forte, il suffisait de piocher ce qu’on voulait, y avait de quoi faire quelque chose de bien et ils ont presque réussi... presque...

quand moëbius rencontre giraud

commençons par les bons points : j’avais des doutes sur vincent cassel pour blueberry et effectivement il ressemble pas trop à celui de la bd mais il a de l’allure et le maquillage est très réussi, on a presque l’impression de retrouver dans ces traits la manière dont moebius fait ces trames. la réalisation est plutôt bien foutue, certaines séquences sont vraiment excellentes, que ce soit les cadrages, les angles de prise de vue qui en jettent ou la lumière (excepté les longs plans à la national geographic où là ça fait vraiment remplissage et/ou je vends des séjours touristiques). et la cerise sur ce qui pour l’instant est un gâteau, c’est les longs passages en images de synthèse qui sont tout à fait dans l’esthétique et les délires de moëbius (mais pas dans celle du giraud de blueberry). c’est sûrement la meilleure idée du film d’avoir été puiser dans l’autre facette du dessinateur de blueberry, surtout que la réalisation suit et que le résultat est assez beau.

des choix scénaristiques douteux

le problème pour moi c’est uniquement le scénario : la trame de l’histoire en elle-même tient en 2 ou 3 lignes qui ont rien d’original : un traumatisme initial , une quête initiatique sur fond de méchants qui chassent un trésor, une vengeance, on pourrait se dire qu’il y a pas besoin de beaucoup plus de bases pour faire un film mais là c’est pas la base, c’est tout le film, il a aucun développement réel excepté ces quelques idées. on nous enrobe le tout de pseudo shamanisme indien très chiant et très convenu (genre "tu dois savoir contrôler ta peur", prends de ma drogue hallucinogène et affronte tes démons) et ca se traine avec très peu d’action, pas la moindre surprise et faut pas croire que tout ça monte progressivement vers un climax, non pas du tout, ça part juste dans un délire en images de synthèse qui dure looooongtemps, elles sont jolies mais sans scénario, sans idées fortes derrière, elles n’apportent pas beaucoup de sens et même le pseudo coup de théâtre final résonne comme un pétard mouillé, tout comme la scène de cul réglementaire qui avait vraiment rien à faire là et qui ravira juste les fans de juliette lewis (la pauvre a d’ailleurs vraiment un rôle ingrat dans le film)

culture indienne recyclée

le scénario, en plus d’une trame assez banale, fait l’erreur de se concentrer sur la culture indienne sans y apporter une lecture originale ou tout du moins intéressante dans la réalisation . les bestioles en images de synthèse ça ne suffit pas, il y avait peut être une réelle recherche dans toute l’imagerie que l’on voit, elle était peut être inspirée de croyances indiennes réelles, dans ce cas c’est dommage de ne pas en avoir parlé plus, de pas avoir fait un film qui ne parlerait que de ça même, explicitant des panthéons de divinités, décrivant les stades d’illumination qu’ils semblent chercher plutôt que de simplement montrer des images sans fond, surtout que tout le reste n’est pas bien intéressant : conflits frontaliers, chasseurs de trésors etc.

au final, la qualité (réelle) de la réalisation sauve quelque peu le film qui n’est pas si mauvais que ça, c’est juste que les fans de giraud-moebius, dont je fais partie (surtout moëbius en fait), je pense qu’ils attendaient mieux que ça. vincent cassel a beau avoir dit que la différence par rapport à doberman c’est qu’ils avaient vraiment essayé de creuser plutôt que de se contenter de la forme mais blueberry souffre des mêmes défauts que doberman mais en pire parce que là c’est lent et qu’il se passe pas grand chose et c’est d’autant plus inexcusable qu’il suffisait de lire les bds pour en trouver de la profondeur.

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publié par le 11/02/04