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publié par tairanteuh le 20/07/99
dandy warhols
- thirteen tales from urban bohemia
thirteen tales from urban bohemia

johnny belle gueule

on avait pu remarquer ces dandys-là en 1997, pour un album hautement psychédélique, un genre de revival 70’ tout en beauté et férocement séduisant, gorgé de plages accrocheuses. pire la galette s’était offert le luxe de tourner quotidiennement plus de deux ans. il n’y avait rien à laisser là-dedans, ni ces huit minutes d’intro, ni ce "i love you" répétitif mais planant, ni l’agaçant (à la longue) tube "everyday should be a holiday", pas plus que ce très typé "not if you were the last junkie on earth" ou l’adorable "cool as kim deal". le mythe dandy warhols prenait place avec les propos incendiaires du johnny belle gueule de l’histoire - courtney - et le succès foudroyant sur les campus américains. deux ans après l’heure est au bilan. l’album reste magnifique, le groupe grand et subtil. et ce n’est pas ce faux concept album intitulé thirteen tales from urban bohemia qui démentira un talent naturel à puiser dans du vieux pour faire des pépites modernes... tel come down, l’album ne s’envole pas d’un coup mais nous fait rentrer tranquillement dans le monde du groupe. il prédomine une atmosphère lourde, un gros son, chargé presque saturé mais pas comme chez bon nombre des groupes actuels dû à un excès de guitares électriques, non, ce son est recherché, travaillé, élégant. la voix se fait discrète, se fond puis s’élève finalement sur "nietzsche" alors que l’on a même pas vu les 10 premières minutes passer.

kevin ayers

une rupture s’opère à partir de "nietzche", la voix de courtney n’est plus douce, elle ressemble étonnament à kevin ayers sur son mirobolant "stanger in blue suede shoes". ainsi "country leaver" s’inscrit dans cette veine, et le résultat est stupéfiant, il y a un réel décalage avec les morceaux précédents, si bien que le disque ne se cantonne pas à une identité propre, il revêt plusieurs aspects. souvent le reproche que l’on peut faire à un groupe, c’est de ne posséder qu’une voix. sur 10 albums, elle sera identique si bien que sans connaître tous les morceaux d’un groupe on peut l’identifier à sa voix. ici c’est impressionnant car courtney n’a pas une voix transcendante comme celle de yorke, buckley, bellamy (le trio gagnant). cependant il sait l’exploiter tel le début de "mohammed" où sa voix ressemble à celle de e (eels).

redorer le blason

le disque fait la part belle aux ambiances sonores comme le soulignent les titres des morceaux. non seulement le groupe n’essaie pas de réecrire come down, sorte de poule aux oeufs d’or puisque regorgeant de tubes, mais en plus il ne se contente pas d’un rock/pop classique et cherche dans la country, accouche d’un semblant de gospel plus réussi que le pateux(tique) "tender" de blur. les dandy épaississent aussi leur son d’instruments variés qui illuminent le "mohammed" dont le nom à consonnance orientale ne doit pas tromper. "sleep", la berceuse idéale pour insomniaques aigris, tout en choeurs charmants sur cordes de guitares répétitives et rythme doux, vraiment hypnotisant. curieusement la chanson suivante me fait penser à certains morceaux du sieur daho, naturellement notre homme ne donne pas trop dans ce genre de production mais la manière de chanter évoque un peu ses derniers albums... "shakin’", point culminant de cet album, tube en puissance et morceau surpassant sur bien des points n’importe quelle composition de l’album précédent... si "nietzsche" est ce qui se rapproche le plus du come down, il n’y a pourtant pas de parti pris commercial, la chanson n’a pas de refrain apparent et laisse la part belle aux instruments. le double chant est efficace et cet ingrédient fétiche du groupe produit un effet toujours splendide, une sorte de dissonance qui sort de la banalité. la recherche sonore est impressionnante mais l’incroyable travail de production n’efface pas le côté humain du groupe - ce qui est flagrant par exemple chez garbage, où le son organique ne rend plus crédible l’idée d’un groupe physique "jouant" derrière. come down s’illustrait par un certain dépouillement de production, on ne savait dire si le son était crado ou travaillé pour paraître ainsi... "country leaver" qui sonne comme un morceau joué dans une grange montre cette recherche. finalement c’est quand le groupe se rapproche le plus de l’album précédent qu’il devient moins captivant, signe que cet album confiné dans l’idée d’être différent est tout bonnement meilleur. flagrant exemple que ce "horse pills" où la voix ne fait aucun effort pour être dans la mélodie, et le décalage qui s’opère est mordant, rappelant un peu le beck du mellow gold ou le tonique du "itchy & scratchy" de boss hog. les références sont d’ailleurs nombreuses et ne souffrent pas de la comparaison : "get off" dont les arrangements rappellent elliott smith et joseph arthur. de même en fermant les yeux on revoit le spectre des rolling stones au meilleur de leur forme, le mordant exile on main street ou le cool sticky fingers. la référence est indéniable et recherchée : il faut avoir du culot pour plaquer cette succession d’accords sur "bohemian like you". cependant le travail du groupe ne consiste pas à réinterpréter les stones sous leur label mais bel et bien à construire quelque chose à partir de leur standards préférés. le préjugé rock commercial que l’on aurait pu associer à cette galette n’est qu’une injustice qu’il est bon de réparer. certes courtney taylor-taylor revendique une iconisation tel les plus grands, certes ce cd comporte son lot de références illustres et pourtant pas de superflu, rien de lourd, une production subtile et parfaite, une recherche mélodique imparable : de quoi redorer le blason rock college américain...

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publié par le 20/07/99
Derniers commentaires
Sfar - le 15/12/07 à 21:31
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je le réécoute ce soir, des années après sa sortie, cet album reste une véritable tuerie

Informations

Sortie : 1999
Label : Capitol Records