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publié par arnaud le 02/02/06
Hangedup
- Clatter For Control
Clatter For Control

Décibels et gémissements

Les trois années écoulées depuis la sortie de Kicker In Tow n’auront que rarement donné l’occasion à Gen Heistek et Eric Craven, plus connus sous le nom de Hangedup, de se reposer. En effet le duo a passé beaucoup de temps sur les routes d’Europe et d’Amérique du nord, tout d’abord aux côtés de Godspeed You ! Black Emperor, puis en tête d’affiche du Constellation Roadshow au printemps 2004, en compagnie de Polmo Polpo et Elizabeth Anka Vajagic. Lors de cette dernière tournée, on avait pu noter sur scène que les morceaux inédits semblaient voués aux décibels, révelant des passages furieux au cours desquels les deux musiciens semblaient maltraiter leurs instruments respectifs pour en tirer de longs gémissements.

Sauvagerie et rythmiques tribales

Clatter For Control, nouvel album, en est une illustration directe, ne serait-ce qu’en offrant tout simplement un aperçu de la puissance du groupe sur scène, en proposant un extrait de leur dernier passage aux Instants Chavirés (le morceau Derailleur), témoignant de la sauvagerie de Hangedup, qui, rappelons-le, se résume à une violoniste (altiste soyons précis) et un batteur... Pourtant l’écoute de Klang Klang, introduction du disque, reprend les choses là où Kicker In Tow les avaient laissées, ne cédant point à la facilité mais présentant les mêmes accroches mélodiques, les mêmes rythmiques tribales qui permettaient aux moins patients, aux plus sceptiques, de tolérer les digressions abstraites du duo (que l’on retrouve ici sur par exemple How We Keep In Time, jeu sur les cymbales et touches éparses de violon).

Expérimental et bruitiste

Clatter For Control brouille les pistes et dès le second titre, Alarm, dans une direction bien plus expérimentale et bruitiste. Geneviève exploite au maximum les boucles samplées en direct, créant une base lancinante sur laquelle Eric a tout le loisir de s’exprimer, profitant de l’occasion pour ajouter à ses percussions quelques déflagrations sonores issues de son installation très personnelle : une planche de skate sur laquelle sont montées deux cordes de basse qu’il frappe à l’aide de ses baguettes, le tout amplifié et distordu ! Il n’y a sur ce titre et sur les suivants (à l’exception de Go Let’s Go, même si là aussi les explosions musicales ne sont pas en reste) que peu de place pour la mélodie, Hangedup ayant décidé de privilégier l’expérimentation, n’hésitant pas à noyer ses compositions dans la distorsion : sur le court Eksplozije, ce sont les larsens d’Heistek qui constituent le tapis sur lequel se vautre la rythmique de Craven. Quant à Fuck This Place, elle voit le renfort d’Harris Newman (ingé son de la plupart des albums Constellation et déjà présent sur les deux albums précédents du groupe), ajoutant la saturation d’une basse à la cacophonie des deux compères.

Insaisissable et bouillonnant

Hangedup se radicalise, tentant d’échapper à la redite, cherchant à repousser les limites que pourrait leur imposer la configuration même du groupe. Qu’importe si pour la plupart des gens le résultat reste le même : une musique presque inécoutable. Ceux qui auront percé les mystères et compris les subtilités des deux premiers albums du duo, y trouveront leur compte, à condition qu’ils fassent parfois preuve d’un certain effort d’attention tant Clatter For Control semble, par instants, insaisissable. Résolumment le disque le moins accessible du groupe mais sûrement le plus bruyant et bouillonnant.

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publié par le 02/02/06
Informations

Sortie : 2005
Label : Constellation