Combattants de tous poils, déshabillez-vous !
Quand le détestable et agaçant mais surtout charmant Devendra Banhart rencontre un autre poilu de la même espèce,Gregory Rogove , se racontent-ils leurs souvenirs de guerre ? Pas celle des tranchées bien évidemment, mais plutôt leurs souvenirs de fosses, de love and peace ou de guitares. Beau mélange de barbichettes et de poils en tout genre entre un chevelu issu de la mouvance néo hippie folk, un autre percussionniste dans un groupe de rock psychédélique auxquels sont venus se mêler allégrement Fabrizio Moretti batteur du très rock The Strokes et quelques grands noms de la scène hippie folk californienne : Noah Georgeson, Purkey Remington, Aziz Ansari et Benny Bensi. Tout ce beau monde s’anime et se mélange facétieusement au sein de Megapuss. Comme les idées les plus simples sont généralement les meilleures, la réalisation de Surfing consista à s’installer dans une cabane reculée dans la campagne à proximité de Los Angeles et enregistrer les morceaux en seulement quelques jours. La plupart des titres furent d’ailleurs gardés dès les premières prises. La sortie de l’album fut précédée par quelques concerts locaux estivaux donnant déjà un avant goût de l’ambiance érotico-rigolotte parfois douteuse du projet : Devendra évoluant sur scène une ceinture de pénis en plastique à la taille. Quelques clichés provenant de la séance photo concernant l’artwork de l’album précisèrent aussi cet aspect bien particulier du projet concernant le drôlatique et le sensuel.
Des chansons pour tous les canards et les jambons
On pouvait déjà trouver Devendra Banhart assez déjanté dans son personnage de hippie vantant l’amour la liberté et toutes sortes de plaisir, il n’en était rien. Au sein de Megapuss on évolue un poil au dessus, voire en dessous : c’est la franche rigolade, des successions de blagues semi porno , on se chatouille, on se titille. On évoque les tabous moraux et sexuels. On voue un culte à Georges Michaël au point de prendre son pied sur des solos de “carreless whispers”. En même temps on ironise sur le président et la politique Us. on rend hommage au rocker défunt Bo Diddley. Musicalement Surfing est très riches en influences : forcément il y a toujours cette pointe néo folk californienne mais, à part sur quelques titres assez ennuyeux, a été rajoutée sur l’ensemble des morceaux des arrangements psychédéliques, très années 60 qui rendent l’ensemble très sympathique. “Adam & Steve” dont la vidéo est une pure merveille de décalage témoigne de cette veine sixties hallucinogène. “Theme from Hollywood” sur lequel Farbizio Morretti fait les chœurs enchante l’auditeur avec ses « meow meow meow meow meow » entêtants.
Il faut reconnaître que l’écoute intensive de l’album surprend très positivement. Alors qu’on s’attendait vraiment à un disque de potaches avec des morceaux bâclés et très légers on découvre qu’il y a quand même dans Surfing une ribambelle de très bons titres dont “hamman” et “Surfing”. Le plus plaisant étant l’impulsion des arrangements apportés par les nouveaux compagnons de Devendra à ses toujours très jolies et efficaces mélodies. Cela donne un album plein d’allégresse et de belle légèreté. C’est à se demander si il ne s’agit pas là de ce que Devendra Banhart a fait de mieux depuis le début de sa carrière, en tout cas de plus original : c’est une évidence.
