Bon l’affiche ne fait pas envie, le réalisateur ne parle pas spécialement et la critique est plutôt mauvaise, alors qu’est-ce qui pourrait vous donner envie de voir ce qui semble être une série B plutôt médiocre ? la réponse est un nom.

Horselover Fat

ou plutôt Philip K. Dick si l’on s’en tient à son état civil. Certainement l’auteur le plus révérencé en SF et selon moi(et beaucoup d’autres) à juste titre. Et au cinéma c’est de l’or en barre : Blade Runner, Total Recall, Minority Report ou le moins connu planète hurlante, que du K. Dick. Plus récemment A scanner darkly, plus confidentiel et plus ambitieux. Pas tellement réussi mais sauvé par ce qui transfigure les autres films cités. Le génie et le talent de l’écrivain qui est derrière ces histoires.

L’homme doré

Et donc autant le dire tout de suite, next n’est pas un grand film. Beaucoup de poncifs. Une réalisation assez plate qu’un budget qui a l’air conséquent ne suffit pas à rendre sexy. Un Nicholas Cage qui tout content d’être devenu producteur et de pouvoir ainsi avoir plus de poids sur le film s’oublie un peu en tant qu’acteur et ne donne que le minimum (mais bon le minimum de Nicholas Cage c’est déjà pas si mal).

Il joue le rôle de Franck Cadillac officiellement magicien de pacotille le jour, et officieusement un être doté d’un pouvoir très particulier : il est capable de voir l’avenir, mais uniquement le sien et dans les deux minutes à venir. Ce qui offre quelques scènes spectaculaires comme dans le casino où poursuivi par une armada de gros bras aidés de caméras de surveillance, il arrive à s’éclipser sous leur nez avec une confiance et une audace qui peuvent sembler folles ou surnaturelles(à ceux qui ne voient pas 2 minutes dans le futur). Des moments marrants aussi, car il peut explorer à loisir les futurs possibles,et donc par exemple passer en revue tous ceux où il se fait jeter par la fille de ses rèves et trouver celui où il réussira à la séduire.

En filigrane

Il y avait là matière à creuser sur l’aspect psychologique, l’effet sur les relations humaines mais le film se focalise très vite sur l’intrigue principale : une bombe qui doit exploser et dont on ne sait rien et donc très vite on se retrouve dans l’action quasi non-stop, pas désagréable, pas trop mal fait mais pas franchement nouveau ou enthousiasmant, comme pouvaient l’être l’exploitation de la précognition (la capacité à prédire l’avenir) dans Minority report ou Paycheck par exemple.

Mais voilà c’est tiré de l’homme doré de K. Dick et même si l’adaptation à l’écran donne un scénario pas génial, on arrive encore à sentir derrière l’auteur, à reconstituer en filigrane l’aspect dramatique, les questionnements qui passent à la trappe sous prétexte qu’on est dans un film d’action avec des explosions, des courses et des fusillades.

Je n’attendais pas grand chose de Next et je n’ai pas été déçu voir même un peu surpris dans le bon sens, le film n’a pas d’ailleurs de grandes prétentions mais il permet de passer un bon moment si on excuse les poncifs, il y a pas mal d’humour et cerise sur la gateau en cherchant bien on trouve encore dissimulé sous deux couches de clinquant un peu de l’esprit de K. Dick pour donner l’impression de pas avoir totalement perdu son temps. C’est peut être une pas si mauvaise formule que ça...