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publié par benoît le 09/06/08
Vive La Fête - Flèche d'Or, Paris - [30/05/2008]
Flèche d'Or, Paris

Une scène musicale de haute volée, un septième art înventif et la domination incontestée du neuvième, le tout avec l’autodérision comme seconde langue : les Belges forment une nation de tout premier plan sur la carte culturelle et artistique, au mépris de l’agitation politique qui secoue en ce moment leur petit royaume.

Et on ne pouvait rêver meilleure tête d’affiche pour la première soirée de nouvel an belge (!) à Paris : Vive La Fête, dont l’efficacité sur scène n’est plus à démontrer, a fait grimper la température de la Flèche d’Or à une valeur rarement atteinte. Conquise d’avance, la foule très dense, dont la déshydratation aura eu raison des stocks de bière (belge), sautillait dès le début de “stupid femme”, traditionnel morceau d’ouverture du groupe. Derrière deux gorilles accroupis en bord de scène, chargés d’endiguer tout débordement d’enthousiasme (et particulièrement d’hormones mâles), la scupturale Els Pynoo arrive sur la pointe de ses pieds nus, dans une tenue pourtant relativement sage quand on sait de quoi elle est capable. Dansant mécaniquement telle un robot contrôlé par le son implacable de ses complices, elle récite phonétiquement ses textes naïfs écrits dans un français approximatif, ponctués des invectives inquiétantes de son mari-guitariste-épouvantail Danny Mommens (ex-bassiste de dEUS).

« je chante comme je chante / c’est tout en français / parce que j’aime la langue / mais ce n’est pas parfait »

Le contraste est permanent entre un beat electro-rock glacial et des paroles candides, entre les musiciens patibulaires et l’insolent sex-appeal de la chanteuse, entre kitsch revendiqué et puissance sonore dévastatrice. en en faisant la bande-son de ses défilés, le précieux Karl Lagerfeld n’aurait pas pu viser plus juste.

« je me trouve en transe / j’ai besoin de tous mes anges / sans doute ils sont en france / paris, la ville des romances »

Francophile, Vive La Fête fait la passerelle entre les années 60 et les années 80, entre les yé-yé et les synthés. les textes vont du frivole au dérisoire et semblent tout droit sortis des fables surréalistes de Nino Ferrer ou des hymnes à slogans de Dutronc, mais sur décor électronique avec clin d’oeil appuyé à Elli & Jacno, Visage ou New Order (les reprises de Pop Corn ou du “Banana Split” de Lio leur vont aussi comme des gants). Mariage contre-nature dont l’incongruité est instantanément désamorcée par l’accent et le charisme d’Els Pynoo, irrésistible poupée de son.

« tous les jours des fêtes / oui c’est excentrique / je dis ’Vive La Fete !’ / pour etre héroïque »

Jamais groupe n’aura aussi bien porté son nom !

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publié par le 09/06/08