accueil > articles > albums > beulah

publié par tairanteuh le 22/09/03
beulah
- yoko
yoko

éclairés

la première fois que j’avais parlé de beulah, ils avaient été introduis en ces termes : "petit groupe culte américain, beulah élargit son cercle d’initiés à chaque enregistrement.". et pour ne pas me faire mentir, leur nouvel album yoko a encore cette saveur pop à laquelle on succombe instantanément pour peu que l’on soit sensible à ce genre d’ouvrage. si les choses étaient bien faites, les médias (qu’ils soient indés ou plus larges) parleraient en un judicieux dithyrambe de ce cet élégant album que le public consommerait sans interrogation aucune quant à sa qualité. soulagement, ce ne sera pas le cas, yoko devrait rester une sortie anonyme que quelques éclairés goûteront , quelques curieux découvriront et peut-être aimeront. car évidemment beulah ne peut prétendre à être la formation qui séduira tout le monde... tant de goûts et de couleurs. pour orienter, disons que leur indie pop est à la croisée de la pop un tantinet psyché de la clique elephant 6 (dont vous aurez peut être entendu parler via des formations comme neutral milk hotel, ladybug transistor par exemple) et d’une pop un peu plus anglaise.

régles

pas aussi contemplative et réaliste que la pop anglaise dans son propos, et pas aussi barrée et sans queue ni tête que la pop psyché des américains dans son allure. une sorte de pop mesurée qui serait tempérée par des emprunts à d’autres genres, comme le folk / americana que les introductions de leurs morceaux évoquent ("a man like me", "landslide baby"). pour yoko, le frontman de beulah, miles kurosky, a posé de strictes règles à ne pas enfreindre : pas de "ba-da-ba’s" et tous ses choeurs un peu faciles qui constituent souvent le refrain de certains morceaux. pas de staccatos de trompette (le staccato étant cette manière de jouer en détachant nettement les notes, comme si elles étaient égrainées). enregistrer en live le plus possible, une règle que beaucoup d’artistes suivent à la lettre aujourd’hui, les groupes produits par albini ou le dernier eels par exemple. enfin de plus sombres arrangements utiliser tu dois, en quelque sorte.

acronyme

bref beulah veut se défaire de son image de gentille petite formation indie pop pour devenir une entité plus complexe de pop sombre et torturée, quelque part aux côté de mercury rev, ou hayden. une décision qui s’explique aux dires du leader par la rupture avec son amie alors qu’il était en train d’écrire cet album. un tournant heureux au vu du résultat. le dossier promo de velocette records indique enfin le pourquoi du yoko comme pouvant être l’acronyme de "you’re only king once" ou bien une référence à une dame bien connue dont l’image est fortement associée à l’idée de rupture. anyway, des 10 morceaux de yoko, il n’y a rien à jeter, l’ensemble est très solide et s’écoute d’une traite sans difficulté. de "a man like me" au génial et épique "wipe those prints and run" qui clôt l’album, en passant par les très doux "hovering" et "fooled with the wrong guys" ou le sommet rock "your mother loves you son", yoko ne manque pas de temps forts. un album surprenant, assez loin de la gentille pop déjà très efficace de leurs précédents albums, yoko joue sur la même corde que les flaming lips ou wilco pour nous toucher au plus profond.

Partager :

publié par le 22/09/03
Informations

Sortie : 2003
Label : velocette

Pour le même artiste