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publié par gab le 10/05/24
Tom McRae
- Etrange hiver
Etrange hiver

On avait un peu perdu Tom McRae de vue à vrai dire. Pas oublié puisque certaines des chansons de son premier album se rappellent régulièrement à notre souvenir et à notre guitare (les classiques "End of the world news" et "The boy with the bubblegun"), mais on n’avait plus écouté les nouveaux albums depuis son second disque Just like blood en 2003. Or lui n’a pas abandonné, loin de là, il en est même à son 9ème album et, comme on a pu le constater lors de son concert à la Maroquinerie en Mars, il est toujours bien en forme. Ce concert a d’ailleurs été l’occasion de découvrir en live certains morceaux de son nouveau disque de duos : Etrange hiver.

collègues

Certes, c’est la mode du moment d’aller chercher une nouvelle flamme auprès des collègues pour des disques de duos mais Tom McRae pousse le concept un peu plus loin en décidant de s’accoquiner exclusivement avec la scène française et parfois en français dans le texte. Ça a le mérite d’être plutôt original (ça change de Vianney qui va faire un duo avec Renaud). D’autant qu’on a pu s’en rendre compte lors du concert, certains de ces morceaux sont franchement très bon. D’ailleurs, s’il n’y a qu’un seul morceau à écouter, c’est "Ginkgo" avec Chien noir qu’on n’aime jamais autant que dans son plus simple appareil instrumental comme sur certains couplets de son ancien groupe A call at Nausicaa. Un magnifique morceau, petite ritournelle au piano habillée d’une superbe mélodie à deux voix, toute émotion dehors.

route

Et la bonne surprise, à la sortie du concert, est de constater que l’album entier tient extrêmement bien la route, que ce soit dans les balades ("Half of my mind" avec Alma Forrer) ou dans les morceaux plus enlevés (le très bon "Habit of you" avec Naya), que ce soit au piano solo (le délicat et poignant "Lover’s souvenir" avec Rose) ou posé sur un piquant de cordes (le sur-un-fil "For my confessor" avec Aïtone). Et puis il y a les morceaux auxquels on revient plus souvent, dont l’imprégnation est plus durable. "Ginkgo" dont on a déjà parlé bien sûr mais aussi le morceau d’ouverture ("Wild love") avec Keren Ann. Un morceau plus complexe, plus construit, qui rappelle les grands duos tragiques d’antan (on ne peut s’empêcher de pense à Nick Cave et Kylie Minogue sur "Where the wild roses grow", sans doute en partie dû au lexique employé). Un morceau cinématographique même, avec une intensité qui grandit peu à peu et gagne sans faillir l’auditeur pour le déposer en douceur de l’autre côté en fin de chanson.

guitare

"Speeding cars" avec Clou est un moment aussi doux que fort sur une musique épurée. C’est sans doute le moment de mentionner qu’il est étonnant qu’il y ait si peu de guitare sur ce disque (le monsieur est connu pour sa guitare et ne s’en prive pas en concert). Les paroles quant à elles sont un peu obscures mais il y est nettement question de "Speed trials", un de plus beaux morceaux d’Elliott Smith, et rien que pour ça, il mériterait notre approbation (bien qu’il n’en ait pas besoin). Il faut aussi mentionner "Etrange hiver" avec Alex Beaupain qui fait la part belle au texte en français sur une petite guitare rythmique pour le coup. Nettement moins dans l’émotion mais extrêmement bien maitrisé et efficace comme on peut s’y attendre.

régal

A bien y réfléchir, il semblerait qu’on ait eu tort de laisser filer les années et les albums de Tom McRae. Avec les moyens actuels, il n’est jamais trop tard pour rattraper son retard après tout. Pour ceux d’entre vous qui auraient l’occasion de le voir en concert, c’est une belle expérience que nous vous recommandons chaudement. Sa façon de tenir la scène, seul, comme s’il était 4 ou 5 au moins, est un véritable régal.

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publié par le 10/05/24