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publié par Mélanie Fazi le 01/11/13
Nadine Shah - "Je percevais l'écriture comme quelque chose d'intimidant"

Quelques heures avant le premier concert parisien de Nadine Shah à la Flèche d’Or, nous avons rendez-vous dans un restaurant tout proche à l’heure du déjeuner. L’interview à venir nous intimide un peu. Pas tant la perspective de la rencontre (elle a la réputation d’être charmante en interview) que l’impression de ne pas savoir par quel bout aborder Love your dum and mad, ce premier album d’une époustouflante maturité. Mais sitôt passé la porte du restaurant, toute nervosité se dissipe en un clin d’œil. Le temps d’un grand sourire accueillant et de quelques échanges, Nadine Shah vous a mis à l’aise avant même que vous ne vous en rendiez compte. Elle dégage quelque chose de très chaleureux, de solaire même. Loin des discours promo préfabriqués, elle transforme très vite l’interview en conversation où tout s’enchaîne naturellement. Sourire aux lèvres et regard malicieux, elle s’anime en parlant, rit souvent et se moque constamment d’elle-même. Comme si elle n’avait pas bien conscience de son propre talent ni de l’impression tenace que laisse ce premier album, où sa puissance vocale comme sa finesse d’écriture forcent le respect.

On lit dans tes interviews que tu n’as pas de formation classique et que tu as commencé à écrire des chansons très tard, ce qui surprend compte tenu de l’impression de confiance et de maturité que dégagent tes chansons. Est-ce que c’est vraiment le cas ?

Oui, c’est vrai. Je regrette de ne pas avoir de formation classique, car ça limite parfois ce que je peux faire. Du point de vue du son, je me heurte parfois à des limites dans la façon de jouer et j’aimerais les dépasser. Mais le piano est un instrument assez intimidant, rien qu’en le regardant on pense à tous ces pianistes classiques, comme Rachmaninov, c’est un peu effrayant. Ça m’a découragée d’essayer d’en jouer. Pendant longtemps, j’avais un clavier dans ma chambre, un piano numérique. Et puis j’ai simplement fini par accepter l’idée qu’on pouvait en jouer de manière très simple et que le résultat pouvait être très beau malgré tout. Et oui, j’ai écrit ma première chanson il y a… trois ans et demi ? C’était « Dreary Town », qui est sur l’album. Et donc après l’avoir écrite, je l’ai enregistrée, j’en ai posté une version sur Youtube, c’était assez embarrassant… Je l’ai fait uniquement parce que mon frère ne voulait pas croire que c’était moi quand je lui ai passé la chanson. « Mais non ce n’est pas toi, ce n’est pas toi. » Alors j’ai publié une vidéo qui me montrait en train de la jouer. Quelqu’un l’a vue, et puis quelqu’un d’autre, ils ont trouvé ça bien… Et lorsque quelqu’un m’a dit « C’est vraiment très bien, ce que tu as écrit », je me suis dit : « D’accord, alors je vais continuer ». Voilà en gros comment ça s’est passé.

Mais avant « Dreary Town », tu n’avais vraiment jamais fait la moindre tentative d’écriture ?

Non. Mais à une époque, j’étais chanteuse de jazz, j’interprétais les chansons des autres. J’imagine que comme je chantais toutes ces chansons jazz formidables, notamment le Cole Porter Songbook, je percevais l’écriture de chansons comme quelque chose d’intimidant. J’avais de grandes attentes quant à ce que devait être la qualité des paroles, j’avais l’habitude de chanter ces textes vraiment excellents, et ça m’effrayait tellement que je n’écrivais pas.

Est-ce à cause de ton expérience de chanteuse de jazz que tu reprends « Cry me a river » ? Ta version est frappante, on a l’habitude d’entendre des reprises très calmes, très douces de ce morceau, mais la tienne est dérangeante et même assez flippante.

Je trouve qu’elle ne doit pas être interprétée de façon trop triste car les paroles disent en gros « Va te faire foutre ». C’est un texte assez revanchard. Ce n’est pas censé être une chanson douce. Je n’aime pas l’idée que les femmes chantent des chansons sur des hommes qui les haïssent et qu’elles soient les victimes. J’aime que les gens soient plus forts. Je crois que quand je la chante, ça commence doucement, ensuite ça devient assez intense puis assez menaçant. Avant, je la chantais de façon plus délicate mais je me disais toujours qu’il fallait y injecter plus de colère, du point de vue de cette femme, il fallait quelque chose de plus fort. Mais oui, c’est pour ça que je la reprends, je la chantais quand j’étais plus jeune.

Dans tes chansons, tu joues beaucoup sur la narration et l’incarnation de personnages, avec souvent un retournement des rôles attendus. Notamment dans ta reprise de « Cry me a river », mais aussi dans « Aching Bones », où le personnage féminin est davantage détruit par la fin de la relation que l’homme qu’elle a fait souffrir, et « Runaway » où l’épouse trompée par son mari est finalement celle qui a le dessus.

Je suis ravie que tu me poses cette question, personne ne l’avait encore fait... Le problème, avec l’écriture de paroles, c’est que tout a déjà été fait, tout a déjà été chanté. Mais ce que j’adore dans mes pièces préférées, ou mes livres préférés, ou mes films préférés, c’est l’inattendu, par exemple quand c’est le loser qui gagne, ce genre de choses. On m’a plus ou moins accusée d’être trop brutale dans les paroles de « Runaway », mais j’aime bien ça. Je m’en fiche un peu. D’un autre côté il arrive que des gens viennent me voir, même des femmes qui ont vécu cette situation, et qu’ils me disent merci. C’est chouette. Mais ce sont toutes des histoires assez communes. « Aching Bones » parle surtout de regrets, de revanche et de regrets, mais principalement des regrets de cette femme. Au départ elle contrôle totalement la situation, puis elle chute. Je ne suis pas exclusivement du côté des femmes, je ne suis pas du genre à taper sur tous les hommes, pas du tout, j’ai des chansons pour les hommes aussi, comme « To be a young man ». « Aching Bones » est pour un homme, en fait. Je trouve plus facile d’écrire sur d’autres personnages, d’entrer plus dans les détails… Je suis ravie que tu l’aies remarqué dans ces chansons. Je ne sais pas trop pourquoi mais c’est le genre de personnages que j’ai toujours aimé dans les films ou les livres, alors c’est comme ça que j’ai envie de les écrire.

Tu mentionnais les gens qui viennent te remercier quand tu parles de ce qu’ils ont vécu, c’est ce qu’il y a de génial dans l’art en général et notamment les chansons : la possibilité de dire tout haut ce que d’autres pensent sans oser l’exprimer.

C’est vrai. Cela dit, ça peut devenir dangereux dans certains cas. Certains musiciens ou artistes se croient très importants, ils considèrent ce qu’ils font comme quasi divin, ils se prennent quasiment pour des prédicateurs. Donc je suppose que dans une certaine mesure, il y a aussi une responsabilité. Parfois, des gens pas si intelligents disent certaines choses quasiment comme s’ils prêchaient. Mais oui, d’un autre côté, il y a des gens qui révèlent des choses dont ils ne parleraient pas en temps ordinaire, ce qui peut être très intéressant.

En interview, on a souvent tendance à interroger les musiciens sur leurs influences musicales. Mais quand on lit les tiennes, tu te dis influencée par des écrivains et poètes (Philip Larkin, Italo Calvino) ou des peintres comme Frida Kahlo. Y a-t-il à ton avis une forme de paresse de la part des journalistes à ne se concentrer que sur les influences musicales ?

Peut-être. Je n’étais pas vraiment influencée par des musiciens en écrivant mon album, je n’écoutais pas beaucoup de musique. Ma collection de disques est plutôt embarrassante. Quand j’ai rencontré mon producteur, il me disait « Tu me fais penser à tel artiste », « Est-ce que tu aimes tel autre », et je lui répondais « Connais pas », « Connais pas ». Les gens m’ont comparée à PJ Harvey ou Nick Cave, je n’en avais jamais entendu parler. Maintenant, je les adore. Les gens qui m’ont influencée étaient surtout des écrivains. Philip Larkin est mon poète préféré, j’adorais ses poèmes, je les adore encore. Frida Kahlo est mon peintre préféré, j’ai étudié les beaux-arts, je m’intéressais au jazz, à la peinture, à la poésie. Les gens trouvent leur inspiration partout, pas seulement la musique, ils la trouvent dans des conversations, des paysages… C’est effectivement un peu paresseux de demander « Alors, par quel groupe es-tu influencé, quel groupe as-tu copié ? »… Mais pour moi ce sont surtout des écrivains.

À ses débuts, PJ Harvey était elle-même comparée à Patti Smith qu’elle n’avait jamais écoutée. À croire que ça se répète constamment.

Ah oui, vraiment ? C’est drôle, ça… Je parlais à quelqu’un il y a deux mois qui me disait « Ne t’en fais pas, je suis sûr que PJ Harvey se faisait comparer à quelqu’un », et je me suis demandé « Qui alors ? Patti Smith ? Non, sans doute pas. » Et pourtant… À ton avis, à qui est-ce que Patti Smith se faisait comparer ? En tout cas c’est quelqu’un de génial à qui être comparé. Même PJ Harvey, j’adore ça.

En tout cas ce n’est pas surprenant que tu revendiques des influences littéraires. Certains de tes textes sonnent comme des poèmes dans leur rythme et leur sonorité. Notamment ce passage de « The Devil » : « Let not a single tear/Roll down a wrinkled cheek/For sorrow of a love/That wasn’t mine to keep ».

J’adore chanter ce passage pour les allitérations. Mais quand on a terminé l’album, j’ai dû écrire les paroles pour le livret et je n’en avais aucune envie. Le label m’a demandé « Pourquoi ? Il faut que les gens voient tes paroles, et puis ton accent est un peu bizarre, il faut que les gens comprennent ce que tu dis ». Mais mes paroles ne sont pas censées être des poèmes. À l’écrit, je trouve qu’elles ne ressemblent pas à grand-chose. Il faut vraiment qu’elles soient chantées avec conviction pour sembler honnêtes ou faire passer le message. Quand elles sont écrites, elles paraissent tellement simples, il faut qu’elles soient dites ou chantées. Mais en effet, dans « The Devil », il y a ce passage qui peut sembler inspiré par un certain type de poésie. Même la façon dont il est structuré une fois mis à l’écrit. J’adore le rythme des mots, c’est quelque chose qu’on retrouve dans beaucoup de poèmes, rien qu’à la lecture, ils ont quelque chose de musical.

Pour ce passage-là, on ne s’en rend pas compte en écoutant la chanson mais ça saute aux yeux quand on le voit à l’écrit.

J’écris les paroles séparément des parties de piano, donc il arrive qu’elles ressemblent vraiment à de courts poèmes. Ensuite je les oblige à coller à la musique. Je me dis : bon, j’ai ces trois vers, un poème, si tu veux, et je dois les faire coller à cet air de piano. Ça commence souvent comme ça.

Tu commences par les paroles ? Les deux à la fois ?

Les deux. Parfois c’est un air de piano et j’écris un texte pour l’accompagner. Parfois c’est l’inverse. Et parfois j’ai écrit une partie de piano et j’utilise un texte déjà écrit, j’essaie de les faire coller. « Allez, on peut y arriver, on peut y arriver… » C’est chaque fois différent.

Pour en revenir aux influences littéraires, « Filthy game » est inspiré par une nouvelle d’Italo Calvino ?

Oui. Ça vient d’un recueil de nouvelles qui s’appelle Palomar, mais je ne me rappelle pas le titre de cette nouvelle. J’ai changé la fin. Dans la fin d’origine, le personnage ne succombe pas à ce qui l’entoure – en gros, il habite cette ville où tous les habitants sont des voleurs. Dans la nouvelle, je crois qu’il part, ou alors il meurt par fierté, il ne s’abaisse pas à leur niveau. Mais j’ai transformé son personnage pour qu’il finisse par les imiter et devenir l’un d’entre eux. Je ne sais pas pourquoi.

Pour rendre l’histoire encore plus sombre.

(hilare) Pour la rendre encore plus sombre, oui… Quelle débile. (rires) Ma mère me demande tout le temps « Tu ne pourrais pas écrire juste une chanson heureuse, une seule ? » « Nan. » Elle a peur que les gens croient que j’ai eu une enfance malheureuse.

Est-ce que ça te dérange, d’ailleurs, que les gens focalisent autant sur le côté sombre de ta musique ?

Oui, vraiment. Les dix premières interviews, ça ne me dérangeait pas. À la vingtième, ça a commencé à m’agacer un peu. À la trentième, beaucoup. Là je dois en être à une cinquantaine et je réponds juste (d’un air grincheux) « Mouais. ». Je comprends totalement pourquoi les gens le pensent. Mais parfois des journalistes m’interrogent là-dessus… Je ne veux vraiment pas paraître condescendante. Mais si c’est un journaliste qui écrit pour un support dont les lecteurs et contributeurs n’ont pas une culture musicale très étendue, ça ne me dérange vraiment pas, peut-être qu’ils n’ont simplement pas entendu ce genre de musique. Mais si c’est pour une revue musicale qui connaît PJ Harvey, Nick Cave, Diamanda Galas… ils sont dix fois plus sombres que moi ! Là, oui, je trouve que c’est de la paresse. Allez, quoi, il y a tellement d’autres artistes pour lesquels on n’insiste pas tant sur ces choses-là. Donc c’est un peu frustrant. Mais si tout le monde m’interroge là-dessus, peut-être qu’ils ont raison et que j’ai tort ? Ce n’est pas à moi d’en juger. Si tout le monde le dit, il doit y avoir quelque chose. Ça ne doit pas être que de la paresse. Et puis je parle facilement du contenu de mes paroles quand on me le demande, et l’album est inspiré par des choses très sombres et morbides. C’est un peu agaçant, mais je peux comprendre.

À propos d’ambiances sombres, « Aching Bones » a été utilisée dans la bande-annonce du jeu vidéo Dark Souls 2  ?

C’était vraiment drôle, ça… Je leur ai demandé « Je peux m’en servir dans mon prochain clip, c’est trop cool ? » mais ils n’ont pas voulu. Mais ça m’amuse beaucoup, j’adore ça. C’était étrange quand cette bande-annonce est apparue sur Youtube, ce jeu a des milliers de fans et ils ont été adorables, super gentils avec moi. Ce sont des geeks, des gamers, ils sont charmants. Ils m’envoient des messages très drôles. Ils me disent des choses comme (prend une voix très grave) « Mon nouveau personnage dans Dark Souls s’appellera Nadine ». C’est génial d’imaginer ces petits personnages qui se baladent dans le jeu, chevaliers ou autres, et qui s’appelleront Nadine. J’étais vraiment ravie que la chanson ait servi à ça. Je ne voudrais pas que ma musique serve dans des pubs par exemple. Enfin si j’ai vraiment, vraiment besoin d’argent, j’y serai obligée à un moment ou un autre. Franchement, ça pourrait arriver. Je préférerais juste l’éviter si je peux. Mais je trouve que ça convenait très bien à ce jeu, il y avait une logique, et j’en étais ravie. Un de mes amis m’a demandé si je pensais que ça dépréciait la chanson. J’ai répondu « Non, pas du tout ! » Les gens l’ont vraiment appréciée, et ils adorent ce jeu vidéo, et puis c’est une chanson assez sombre aux sonorités industrielles, ça colle vraiment très bien.

Est-ce que c’était ton choix ou celui de la maison de disques de sortir d’abord plusieurs EPs avec des vidéos pour créer une attente forte avant la sortie de l’album ?

Je n’étais pas signée sur un label quand on a sorti les EPs. Enfin, quoique… ? Non. Le premier EP est sorti sur un petit label de Londres et je crois qu’ils tâtaient juste le terrain. En ce qui me concerne, j’étais très frustrée car j’avais terminé l’album et je voulais sortir quelque chose avant de commencer la campagne promo de l’album. On s’apprête à ressortir Aching Bones qui était le premier EP, car peu de gens le connaissaient à l’époque de la première sortie. J’adore cette chanson, elle n’est pas suffisamment passée à la radio à l’époque mais c’est ma chanson préférée de l’album. C’était une bonne idée de sortir ces EPs, je crois. Le genre de musique que je fais parle à des gens qui sont souvent des collectionneurs. Beaucoup de gens qui viennent à mes concerts ont les EPs et les adorent. Mon seul regret, c’est que chaque EP contient trois ou quatre chansons – trois dans mon cas, je suis une feignasse – et que j’y ai utilisé des chansons que j’aurais voulu mettre sur mon prochain album. Je les ai gâchées, maintenant il faut que j’en écrive d’autres.

Les chansons de tes EPs sont impressionnantes. En particulier « Are you with me » qui est celle qui m’a vraiment fait accrocher à ta musique au départ. Comment as-tu choisi quelles chansons mettre sur l’album ou sur les EPs ?

« Are you with me » a justement failli être sur l’album, je l’ai retirée à la dernière minute. Je l’ai remplacée par « The Devil », c’était l’une ou l’autre. Je voulais que l’album soit structuré en deux moitiés, il me fallait cinq chansons plus énergiques et cinq chansons plus calmes, pour des questions d’équilibre, avec une chanson un peu bizarre au milieu. Ça a été très difficile de me décider pour celle-là. Je l’ai retirée, rajoutée, retirée… Encore maintenant, je l’adore. Mais la raison principale pour laquelle je l’ai retirée, c’est que « The Devil » sonne mieux en live avec le groupe, alors que « Are you with me », en live, ne sonne jamais comme il faudrait. Si je suis seule au piano, ça va. Mais avec le groupe, on n’arrive jamais à retrouver ce côté menaçant, ce martèlement. C’est pour ça qu’on ne l’a pas gardée. On n’arrivait pas à la jouer.

Tes EPs puis ton album ont reçu un accueil critique impressionnant en Grande-Bretagne. Comment y as-tu réagi ?

Oui, c’était dingue. Compte tenu du genre de musique que je fais, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Mais la réaction critique a été géniale. Il y a d’excellents journalistes que j’adore en Grande-Bretagne, de très bons journaux, et ils ont tous très bien reçu mon album. Il n’y en a eu qu’une mauvaise. Elle m’a vraiment contrariée. Beaucoup de musiciens disent « Je ne lis pas les critiques, je m’en fiche » – menteurs ! Tout le monde se cherche sur Google. Quand on passe beaucoup de temps à faire quelque chose, on veut savoir ce que les gens en pensent, il n’y a rien de mal à ça. J’ai eu une seule mauvaise critique. La fille qui l’a écrite ne mentionnait pas du tout l’album, elle disait « Qu’est-ce qu’il y a de si exceptionnel à ce qu’une fille sache chanter et jouer du piano » ? C’était plutôt une attaque personnelle contre moi, elle ne parlait pas de la musique, visiblement je ne lui revenais pas… Je me suis dit « Oh, pas grave, elle ne parle pas de la musique de toute façon. » Mais à part celle-là qui était horrible, on a eu de très chouettes critiques. Je n’en revenais vraiment pas. On n’avait soudoyé personne… C’était vraiment inattendu, et j’ai été ravie de tout ça. Je n’ai pas grand-chose à en dire de plus, mais c’était très flatteur. Ça a été une période très étrange.

Je viens de terminer la tournée en Grande-Bretagne, je me disais que ça allait être très calme, que personne ne viendrait, mais beaucoup de concerts étaient complets. J’étais vraiment surprise. Dans certaines petites villes d’Angleterre, je me disais « Qui aura entendu parler de moi à Leicester » ou d’autres très petites villes, et pourtant les gens venaient me voir en disant « Je suis très fan ! » « De moi ? Waouh ! » Ça prouve que la presse fonctionne, que les gens en entendent parler. C’était vraiment magnifique, j’ai adoré cette tournée.

Les vidéos qui accompagnent tes chansons sont très fortes visuellement. Est-ce que tu t’es impliquée toi-même dans le processus créatif ?

Oui, pour toutes. Je choisis toujours mes amis pour les réaliser, ils viennent tous de Newcastle. Il faut que je les occupe, c’est une bande d’idiots… Non, ils sont géniaux. Mais je préfère travailler avec mes amis, leur donner du travail et de l’argent plutôt qu’à quelqu’un d’autre. En réalité je voulais tous les réaliser moi-même. Mais bon, je chante plutôt bien, je ne joue pas trop mal du piano, mais si quelqu’un sait réaliser des clips beaucoup mieux que moi, c’est son boulot, pas le mien. Je ne veux pas être une maniaque du contrôle. C’est leur domaine, pas le mien, alors autant qu’ils le fassent. Ces clips sont tous très différents car chacun a été réalisé par une personne différente. Je leur expliquais les paroles, je leur disais « Est-ce que vous pouvez intégrer ça, ça et ça » et je les laissais faire tout le reste eux-mêmes. Je n’ai pas apporté grand-chose, très franchement. C’est surtout le travail de mes amis. Ils sont très doués, tous autant qu’ils sont. Sauf le nouveau clip qui va bientôt sortir, celui-là, c’était mon idée.

Pour quelle chanson ?

« Aching Bones », on a tourné un nouveau clip. Sur une idée de moi. Quand tu le verras, tu comprendras pourquoi. C’était marrant.

Celui de « To be a young man » est assez inquiétant, avec cette imagerie liée aux insectes…

Je ne sais absolument pas d’où ça vient. (rires) C’est mon clip mais je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que je dois jouer la barmaid et servir des bières. Mais c’était marrant. Je crois que ça devait être une référence à Kafka, avec ces sauterelles.

Était-ce différent de tourner le clip de « Dreary Town », qui raconte une histoire et où tu joues un personnage ?

Oui, c’était bizarre, d’autant que je ne joue pas un personnage très sympa. J’ai pas mal bu, je me suis saoulée car l’acteur qui joue mon copain dans le clip ressemble beaucoup à Vincent Gallo, c’était super bizarre. C’était un acteur professionnel, il fallait notamment qu’on s’embrasse et je me disais « Non non non non non, je suis très pudibonde, très garçon manqué, pas question que j’embrasse un garçon ! Pas question ! » En plus mon copain de l’époque était présent et me regardait embrasser ce type devant la caméra. Alors il a fallu que je me saoule pour y arriver. Mais je me suis bien amusée. Je préfère nettement jouer un personnage de fiction que chanter face à une caméra. Ça, je déteste.

Tu joues tout à l’heure à la Flèche d’Or, ce sera ton tout premier concert parisien ?

Oui. Le seul autre concert que j’ai donné hors de Grande-Bretagne avait lieu en Hollande, dans un petit festival, mais c’est notre premier vrai concert. Je suis super impatiente. Et puis j’adore Bleached [avec qui elle partage l’affiche], vraiment, je les adore. En fait, j’ai quelques amis anglais qui seront là pour voir Bleached, c’est très bizarre… C’est mon premier concert à Paris, je suis impatiente. Et puis il apparaît sur Facebook et ailleurs que nous avons un certain nombre de fans français et parisiens. C’est chouette de pouvoir enfin venir ici, des gens nous le demandaient depuis deux ans. « Venez à Paris, venez en France ! » « Oui oui oui, promis ! » C’est chouette de pouvoir enfin le faire.

 

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publié par le 01/11/13