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publié par gab le 08/03/24
Mannequin Pussy
- I got heaven
I got heaven

C’est sans conteste l’album qu’on attendait avec le plus d’impatience en ce début d’année, et ce depuis qu’on est tombé un peu par hasard sur "I got heaven" (le morceau) puis qu’on a mis l’EP Nothing like en rotation journalière élevée. Il était pourtant hautement improbable qu’on s’acoquine avec un groupe au doux nom de Mannequin Pussy et à la pochette aux reflets musicaux a priori plus rentre-dedans que ceux de nos écoutes habituelles (il semblerait qu’un.e chevelu.e torse-nu qui caresse un sanglier au crépuscule nous évoque plutôt les guitares hard-rockeuses scandinaves que la folk auvergnate, ne nous demandez pas pourquoi). Or, si Mannequin Pussy décongestionne bien le système ORL comme on peut naturellement s’y attendre, le groupe élargit suffisamment ses références (et les sinus) pour se révéler enthousiasmant et même, disons-le, carrément réjouissant.

joie

Car, oui, il y a un abandon et une liberté de ton dans I got heaven, ce cinquième album de Mannequin Pussy (on fait genre mais on les découvre avec cet album évidemment), qui force le respect et remporte notre adhésion quasi-instantanée. Et ça commence dès le "I got heaven" d’ouverture dans lequel on retrouve la gouaille de Porridge radio alliée à un refrain shoe-gazeux-aérien comme on les aime. Un morceau impressionnant qui donne le ton et annonce le mélange des genres assumé XXL. Le groupe alterne entre la rock-pop, l’indé et le métal, parfois au sein du même morceau, avec une joie évidente. On ne sait jamais à l’avance ce que le morceau suivant nous réserve, comment le chant et les guitares vont évoluer, s’ils vont s’adoucir ou se durcir. Et ça fait énormément de bien.

coffre

On retrouve évidemment les morceaux phares qu’on avait déjà découverts sur l’EP, "I got heaven" bien sûr mais aussi "Nothing like" qui opte pour la douceur du chant sur un tapis de guitare saturées et "Sometimes" quasiment pop avec sa basse au premier plan et une superbe guitare désaccordée en fin de morceau (assez proche du traitement de guitare d’Andy Bell sur le précédent album de Ride). On est clairement dans notre élément. Et puis il y a le basculement de "OK ? OK ! OK ? OK !" qui fait décoller la deuxième partie d’album pour notre plus grand plaisir (bien qu’on ne soit plus tout à fait dans notre élément naturel pour le coup). Ce morceau à l’énergie dingue nous permet notamment d’entendre la voix du seul membre masculin de ce quatuor, et il a du coffre, indéniablement. Il fait bien de se concentrer sur ce seul morceau ceci dit, point trop n’en faut. Morceau à l’issue duquel, les bronches dégagées, on peut reprendre le fil de notre écoute dans d’excellentes dispositions.

dosage

La suite c’est "Softly" qui s’en va voir s’il n’y aurait pas quelque chose à faire du côté des Smashing Pumpkins (et il y a, effectivement) avant que la cavalerie ne rattaque (le pulseux "Of her") et ne détruise tout sur son passage (le gras-gratteux "Aching"). Etonnamment c’est une section du disque qui nous met particulièrement de bonne humeur. Mannequin Pussy ou le juste dosage de la violence. Et de clore l’album en douceur, comme si de rien n’était ("Split me open", petite voix et boucle désaccordée en fin de morceau, façon My Bloody Valentine cette fois).

porte

Au final, I got heaven (l’album) a l’avantage de ses inconvénients ; il est bien trop court avec ses 30 minutes porte à porte mais c’est évidemment ce qui lui donne sa force et son impact. Sitôt envoyé, sitôt terminé. Une guerre éclair remportée sans faillir et qui ne laisse guère d’autre choix que de relancer la machine pour un nouveau tour.

clip champêtre déjanté, à l’image du groupe

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publié par le 08/03/24