Ce matin d’avril, on avait rendez-vous dans un cimetière. Pas un cimetière français, avec des allées de gravier, un mur d’enceinte aveugle et des chrysanthèmes fanées. Non, un cimetière suédois. Et un cimetière suédois c’est juste une balade en forêt.
Skogskyrkogården (pratique pour faire des points au Scrabble). Le "cimetière des bois". Le plus grand de Suède, aux portes de Stockholm. 100 000 tombes, parmi lesquelles celles de Greta Garbo et de Jan Johansson (figure du jazz suédois). L’aurore scandinave tenait ses promesses, et rendait l’endroit magnétique. Rien de glauque, le mot qui vient est plutôt "apaisant". Malgré la rumeur de l’autoroute toute proche, celle du métro aérien au loin, on était en-dehors du temps. Comme dans tous les cimetières d’Europe du nord, tout est ouvert, pas de frontières. Les suédois sont des maîtres dans l’art d’"emprunter la nature".
C’est là que nous attendait Vera Vinter, au milieu des sapins. Cadre idéal et familier pour cette native de l’extrême nord de la Suède. Vera Vinter vient de Stora Lappträsk, un village qui recense fièrement quinze habitants, à la naissance de la péninsule scandinave. Là où ne sait plus très bien si c’est déjà la Suède ou encore la Finlande. Imaginez un lac (gelé), une rangée de petites maisons de bois rouges, et le silence. Si vous comprenez la langue de Strindberg, vous apprécierez en plus la poésie de la demoiselle.
Sinon, il vous reste la musique, empreinte de mélancolie, dans la plus pure tradition du folk scandinave. Vera Vinter est ici accompagnée de son producteur et percussionniste Mattias Olsson, venu avec une (toute petite) partie de son attirail. Sur scène s’ajoutent parfois un celesta et un mellotron, instruments malheureusement trop rares.
Le premier single Du gör mig rädd ("Tu me fais peur") est dispo sur Spotify. Peut-être un peu trop produit, là où la musique de Vera Vinter gagne à rester simple. A vous d’en juger avec cette session.
images & son : Benoît Derrier
