Déjà quatre ans depuis sa dernière date parisienne à la Cigale, c’était beaucoup trop long. Certes Clou n’a pas chômé : il y a eu son livre Doux Mots Dits et son adaptation sur scène pour le festival de Marne, diverses collaborations, avec JP Nataf, Coline Rio, Asgeir , une apparition sur l’album-anniversaire Dionysos ou plus récemment Synapson ; Et puis il aura fallu le temps d’écrire le nouveau disque "A l’évidence" et de l’enregistrer , cette fois-ci point de Dan Levy comme pour Orages mais Stan Neff, réalisateur/mixeur au CV impressionnant (les très beaux disques de Coline Rio c’est lui, Marie-Flore, le Dyade de Cyril Mokaiesh etc etc.)
Jusqu’ici on avait une légère préférence pour les titres d’Orages et la production de Levy. Assez logique pour des chansons qu’on écoute depuis cinq ans. Les compositions du nouvel album se font une place à leur côté petit à petit, à commencer par le titre éponyme, une chanson d’amour pétillante et pleine d’espoir, de l’optimisme d’une histoire qui débute. Et l’opposé du spectre émotionnel, les titres qui comme "Bleus" ou "A l’arrière de la voiture", dans la continuité de "Doux Mots Dits" où Clou dévoilait à travers ses poèmes son adolescence, les violences familiales, les complexes, les trahisons mais aussi les belles choses, comme la relation avec sa sœur ou encore les premiers émois amoureux.
Et pourtant pour cette date au Trianon qui a manqué d’afficher complet à quelques sièges près, en quelques titres on est totalement conquis par ce nouveau répertoire : en live Clou est accompagnée en plus du batteur David Gerbi qui officiait déjà sur la tournée précédente par un duo de musiciennes très talentueuses : Marie Lalonde à la guitare et à la basse (qu’on a pu croisé aux côtés de Lonny) et Christelle Lassort au violon (Pagan Poetry ou plus récemment Lisa Ducasse). Ensemble ce quatuor s’est totalement approprié le matériau enregistré et le restitue dans une version live enthousiasmante : si la star c’est toujours Clou et sa voix et qu’elle a tout l’espace pour faire vivre ses textes, il y a une vraie alchimie entre les musiciens, entre la guitare électrique et le violon, des arrangements qui apportent de la dynamique, de l’énergie, casse le côté peut être un peu trop lisse du disque. "Chant de Noël" qui est à juste titre mielleuse, pour figurer l’hypocrisie de ces repas de famille de fête à l’harmonie de façade mais sur disque ça dure un poil trop, en live elle se réinvente avec un final presque... rock.
N’ayant pas peur du mot, même si on était très confortablement assis au Trianon et que ça avait l’air de convenir à la majorité du public à part une spectatrice qui voulait danser et le fait savoir, il y a vraiment de l’énergie dans ce set, des moments où nous aussi on aurait voulu se lever. Et puisqu’on parle du public et de ses doléances, ils sont plusieurs à interpeller Clou pendant le concert, ce qui donne des séquences parfois surréalistes ou parfois loufoques mais c’est l’occasion de remarquer que comparé à la Cigale, Clou semble très détendue et beaucoup plus à l’aise comme "hôtesse" face à son public... Même si quelques fois l’émotion la reprend et on la sent pas très loin des larmes, comme lors du morceau avec Tété pendant un des rappelsdont elle nous raconte que c’est l’un des musiciens qui l’ont beaucoup marqué pendant son adolescence où elle l’avait découvert sur MCM (petit passage vanne qu’on sent bien passer sur le fait que MCM ça ne parle qu’aux plus vieux dans l’assistance).
Il y aura aussi une apparition de Chien Noir pour deux titres, "Ne parle pas" qu’il a enregistrée avec Clou et "Mon épaule". Les rappels alternent titres solos et en groupe, on apprécie une très belle version de "Rouge" qui sera un des rares titres du premier album joué ce soir avec "On avance" et "Comme au cinéma" joué en troisième et dernier rappel avant que Clou ne quitte définitivement la scène du Trianon après 1 heure et demi de concert avec un son impeccable et un groupe qui alors qu’on n’en est qu’aux premières dates post album est déjà très bien rodé.
