I Got Heaven, le dernier album de Mannequin Pussy est d’ors et déjà un de nos disques de l’année, pour son énergie, pour cette liberté de piocher dans tous les styles musicaux, de passer de la rage la plus métalleuse à la douceur de la pop d’un titre à l’autre.
Dans un Petit Bain archi-complet, le groupe mené par la très charismatique et très énergique Marisa Dabice commence par cette facette plus calme de son répertoire, le temps de se chauffer pour les cinq musiciens : à droite le bassiste Colins avec un veste qui laisse respirer une bedaine totalement assumé, à gauche la guitariste lead Maxine qui se consacre pleinement à sa Flyin V, les claviers étant gérés par une musicienne supplémentaire. Après quelques titres extraits du dernier album qui partagent des couplets assez pop alternant avec des refrains bien rock (« Nothing Like », « Sometimes ») plus quelques uns des deux précédents, "Drunk II", "Control", encore très mélodique mais les gueulantes et le gros son commencent à prendre la main avec un "Softly" qui garde quand même le meilleur de ces deux mondes .
Et puis alors qu’on pensait que c’était ça le rythme de croisière et que c’était déjà fort honorable surtout quand le groupe vient d’envoyer notre préférée, "Loud Bark", là encore un mix parfait entre mélodie qui fait mouche et les guitares bien heavy. Mais non, une bascule s’opère , on passe d’un coup au 11 sur le bouton "loudness", avec "I Got Heaven", grosse tuerie qui ouvre le dernier disque dont ils reprennent aussi l’enchainement "Of Her"-"Aching", enragé et speed, qui passe comme un rouleau compresseur. Le pied de micro et la guitare disparaissent pour Marisa qui se consacre uniquement au chant et donne ses tripes, bouge en permanence ; souvent au plus près une fosse qui pogote dans la bonne humeur.
Une débauche d’énergie quasi non-stop, avec pour reprendre sa respiration un morceau un peu plus calme chanté par le bassiste, quelques moments parlés que la chanteuse fait durer, parfois sur le mode militant, contre le patriarcat, les religions et tout ceux qui voudraient contrôler les gens, décider qui ils sont. On apprécie le discours très construit, loin d’un alignement de clichés ou de slogans. Et des passages plus rigolos, où elle s’adresse au public masculin pour leur demander de hurler Pussy le plus fort possible ou expliquer qu’ils n’ont pas tout leur merch ce soir il y a juste des totebags et des strings et qu’elle espère évidemment que les garçons soutiendront le groupe en prenant ces derniers.