Il y a des retours plus ou moins inattendus : ceux que l’on espère, ceux que l’on craint aussi. Sept années se sont écoulées depuis les derniers inédits de noir désir, sept années avec son lot de drames, d’histoires, de vies brisées, sept années qui ont bouleversé à jamais l’image d’un groupe et son public aussi. La diffusion surprise dès ce soir de deux inédits du groupe, sur le retour, ne peut musicalement que réjouir ceux qui furent tout ce temps derrière les bordelais.
Quand dans les années 90, on avait la chance de vivre dans le bordelais mais même ailleurs, on vivait, respirait aux sons des guitares de Teyssot Gay et des chants de Cantat. On suivait le groupe dans ses engagements, on écoutait Denis Barthes nous expliquait les combats d’un groupe engagé.
Ce n’est pas donc pas surprenant que Noir Désir ait choisi la revendication pour oser un retour musical. La situation est grave : la crise, le contexte social, cette fin 2008 qui n‘en finit pas d’être morose... Le groupe ne voulait pas ne pas réagir et quand on s’appelle Noir Désir, qu’on a si longtemps été frustré du manque de parole, c’est avec une ballade engagée, “Gagnants-Perdants”, que les bordelais reviennent vers nous gracieusement. Avec quelques pincements au coeur, on redécouvre la voix de Cantat, plus grave peut être mais n’ayant rien perdu de son timbre d’antan. C’est avec les mêmes pincements qu’on reconnaît les accords nerveux de Serge Teyssot Gay, la batterie toujours un peu excessive de Denis Barthes, la basse enlevée de Jean Paul Roy et les quelques notes d’harmonica qui ont fait le son Noir Dez.
Noir Désir fait toujours du Noir Désir : à ce niveau là rien n’a changé et c’est avec le même le sourire aux lèvres qu’on découvre les textes dénonciateurs qui ont gardé la même candeur attendrissante qui ont fait le charme du groupe : « ...Pimprenelle et Nicolas, vous nous endormez comme ça, le marchand de sable est passé, nous on garde un œil éveillé... ».
En proposant la reprise très rock du “Temps des Cerises”, Noir Désir épaulé par Estelle et Romain Humeau du groupe Eiffel montrent une nouvelle fois son efficacité à s’approprier les morceaux les plus emblématiques de la culture révolutionnaire française et à les réactualiser de manière fort efficace.
C’était une urgence de diffuser ces titres et ce fut une magnifique surprise en cette soirée de novembre 2008 de les découvrir. L’envie, le besoin de retrouver le groupe sur d’autres morceaux est maintenant devenue inévitable. Ces deux inédits effacent d’un coup les commentaires acerbes de ceux qui douteraient encore de la légitimité artistique d’un futur pour Noir Désir. En attendant la suite... nous combattrons donc.
Oui on est bien d’accord sur la bonne nouvelle que constitue ce retour. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’être déçu par ce que j’ai entendu dans ces 2 morceaux.
Dans le texte de B. Cantat, il y a quelques jolies choses comme :
"Nous on n’a rien à gagner, mais on ne peut plus perdre puisque c’est déjà fait". Ça me fait penser à Un Monde Sans Pitié, et précisément à la scène où Hypo se fait arrêter par les policiers au volant de son tacot et qu’il dit "C’est pas nous les bandits...".
Mais la musique est tellement fade que ça me gâche le réel plaisir qu’aurait pu être l’écoute du 1er morceau de ND2.
Quant à la reprise qui suit, j’ai également un problème avec la musique, ayant déjà trouvé R. Humeau plus inspiré dans son travail que sur cette ré-interprétation là. Elle a néanmoins un intérêt, celui de m’avoir fait découvrir, en résumé, la vie de JB Clément. J’ai refusé d’y voir le moindre rapprochement entre les condamnations de Clément et Cantat.