L’Homme à la kora
En juin 2005, premier plaisir : celui de croiser pour la première fois Yann Tambour et sa kora. Nous étions seulement 6 dans une petite salle strasbourgeoise, soirée quelque peu étrange où le charmant garçon passait juste avant Matt Elliott, tous deux en premières parties d’un groupe de death metal suédois dont j’ai bien vite oublié le nom !
Il s’agissait là d’un des tous premiers concerts de Thee, Stranded horse : Yann, seul, sans ses compagnons de Encre. Seul ? pas vraiment, une muse l’accompagnait dans cette nouvelles aventure, une muse africaine : une kora (harpe perfectionnée africaine) dont Yann sait égrainer avec tant de douceur et de subtilité les cordes.
En cet été 2005 seuls trois morceaux de ce projet Thee, Stranded Horse sont disponibles sur le 7" EP. Ces titres se présentent dans des versions quelque peu éloignées de celles que l’on retrouve au sein de Churning Strides. Durant deux années et l’équivalent de trois mois de tournée internationale, Yann Encre a ainsi pu faire évoluer tranquillement Thee, Stranded Horse et forger une véritable identité à son projet solo. Il a su explorer et unir des chants, aux accents folks à la manière d’un Marc Bolan, aux douces mélodies d’une kora délicieusement hantée par l’esprit d’un Tourmani Diabaté.
Forcément on tombe amoureuse...
Hommes ou femmes, rares sont ceux qui ne succombent pas au charme de cet artiste. Il s’opère déjà insidieusement, rien qu’à l’écoute des morceaux proposés. La finesse d’interprétation, les mélodies douces magnifiées par cette kora magique, ces sons auxquels nous sommes peu habitués nous dépaysent forcément, nous émeuvent et nous titillent au plus profond de l’âme et du coeur. Les chanceux qui ont pu écouter tout cela en concert connaissent ce papillonnement des arpèges d’une kora qui vous envoûtent et vous enchantent amoureusement.
Au sein de Thee, Stranded Horse, le chant de Yann Tambour alterne entre des interprétations folks nasillardes et des chants plus doux et harmonieux. Il est amusant de constater comment ce chant a évolué depuis le Ep de 2005 vers quelque chose de moins rocailleux, de plus posé. Le morceau “So Goes The Pulse” était interprété, dans sa première mouture, de manière beaucoup plus rêche. Sur Churning Strides, Yann le joue dans une version moins nerveuse, tout en douceur et en retenue. Sur d’autres titres Yann Encre retrouve les particularités de son chant presque susurré qu’il affectionne avec Encre. Parfois il chante carrément, nous faisant découvrir un timbre de voix beaucoup plus assuré. C’est le cas sur l’un des plus morceaux les plus émouvants de l’album : “le sel”. Seul titre proposé en français, nous rappelant que Yann Tambour, comme il le faisait au sein de Encre, en plus de composer de magnifiques mélodies est aussi un auteur qui sait utiliser toute la délicatesse des mots pour produire des textes raffinés.
Nous sommes chanceux qu’il existe dans le paysage musical français un Yann Tambour pour nous proposer de si belles oeuvres. Un artiste à part, qui se passionne pour des univers qui ne sont pas forcément les plus accessibles et qui tente des mélanges de genre audacieux. Un homme qui tourne énormément en concert n’hésitant pas à se remettre en question, à se renouveler sans cesse pour faire évoluer ses créations.
Une œuvre, un artiste, un homme dont inévitablement on tombe amoureux(se).
En vidéos...
Des extraits de cet album furent joués au cours de l’une des sessions cargo. Voici ci-dessous “le sel”.
Vous pourrez aussi voir sur le dailymotion cargo les morceaux :