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publié par Mickaël Adamadorassy le 27/02/11
AaRON
- Birds in the Storm
Birds in the Storm

le chemin parcouru

Il se sera écoulé 3 ans entre le premier album d’AaRON et ce Birds in the Storm. Ca aurait pu être l’histoire un tube miraculeux et puis s’en va. Mais Lili, porté par le film je vais bien ne t’en fais pas, n’était qu’une perle parmi d’autres dans un très bon premier album. Et puis le duo parisien réussira par son talent et des prestations live de qualité à se défier des oiseaux de mauvais augure, des comparaisons stériles et de tous ceux pour qui un groupe français qui chante en anglais n’a aucune chance de marcher.

Les tubes s’enchainent, les concerts complets aussi. Et finalement on (le "on" collectif) s’aperçoit qu’AaRon est parti pour rester. La certification double platine est là pour ceux qui pourraient encore en douter. A partir de là, le groupe aurait pu facilement capitaliser sur ce succès et nous faire un remake du premier disque, ou simplement continuer dans la lignée de celui-ci, après tout la formule fonctionne parfaitement...

A contre-pied

... et en fait non... Dès la pochette, le groupe nous prend à revers, de la sirène échouée du premier, des références à Peter Pan, on passe à un cowboy à cheval au milieu des flammes. La lecture est beaucoup moins facile, le message beaucoup moins évident, d’ailleurs je ne me risquerais pas à une analyse foireuse là dessus. (cf l’interview vidéo d’AaRON où on parle de la pochette du premier).

Mais bon un petit peu quand même... car la musique de ce nouvel AaRON a quelque chose de frustre, d’un peu rêche qu’on associerait facilement à ce mystérieux cow-boy et disons-le de suite : ce deuxième album s’aventure sur des voies bien différentes du premier, prend des risques tout en conservant une identité qui est bien celle qu’on leur connaît.

Se renouveler

Le seul reproche que j’avais fait au premier album dans ma critique était que l’instrumentation majoritairement faite à base de boites à rythme et de synthés programmés avait une certaine rigidité, que parfois même les éléments mélodiques et harmoniques devenaient rythmiques. Un piano qui manquait un peu de nuances et de richesse de jeu aussi.

Ça tombe "bien" : dans Birds in the Storm, il y a beaucoup plus de basse , enfin plus exactement de guitare basse et non de basses jouées par un synthétiseur et de guitare, ce qui apporte un côté tout de suite plus organique et un peu plus rock.

Garder son identité

Mais attention le duo ne s’est pas métamorphosé en groupe de rock ou d’électrorock, ils n’ont pas embauché un batteur et quelques musiciens de studio. La boite à rythmes est toujours là et au contraire les morceaux sont souvent plus dépouillés que par le passé.

Ludlow L qui ouvre l’album commence avec juste une boite à rythme et la voix de Simon et ensuite arrive ensuite la basse qui porte le morceau avec un riff tout simple, joué à "l’unisson" avec la guitare qui la rejoint un peu après. Le tout ponctué par les "mmm" de Simon a un petit côté marche enjouée qui a la pêche. Et le morceau continue à prendre de l’ampleur,les parties de chant s’empilent, se répondent. On ne les attendaient plus vraiment mais les synthés arrivent, du lead qui gronde, de très belles nappes qui grossissent encore le son et apportent en même temps un côté lumineux au morceau. On atteint une sorte de climax instrumental qui laisse les claviers s’exprimer avant de redescendre soudain. Et toute l’instrumentation s’efface progressivement pour laisser Simon finir a cappella.

On savait AaRON capable de construire des ambiances, de faire évoluer l’intensité de ses morceaux pour créer sa propre dramaturgie mais là les choix sont encore plus radicaux et le résultat encore plus puissant. Ça impressionne d’autant plus que ce ludlow c’est à la base juste la voix de Simon et ce petit riff simple mais diablement accrocheur.

Entêter

Le morceau suivant, rise, confirme l’évolution avec une instrumentation qui reste très dépouillée : voix, boite à rythmes et guitare, que viennent enrichir une basse synthétique et des chœurs sur le refrain. Sur une base aussi simple, c’est la voix qui doit porter le morceau et elle le fait très bien : très beau refrain que ce "dancing, dancing, dancing, ’till I fall between your lies" qui revient sans cesse.

La thématique rappelle un peu O-song sur le premier ("easy talking in the bed, I drink your lies") sur lequel Simon chantait déja très bien. Ici il le fait encore mieux, exploite des parties de sa tessiture moins faciles, prend des risques comme sur le début a cappella de waiting for the wind to come, ces "mmm" lancinants, ses intonations blues. Le tout accompagné par une guitare qui sonne vintage avec son effet tournant donne quelque chose de très rock, mais reste du pur AaRON car on a toujours cette base de boite à rythme, mais elle bénéficie ici d’une programme plus sophistiquée que sur les autres morceaux.

Plaquer

Même si la guitare a pris de la place dans la musique d’AaRON, le piano est loin d’avoir disparu : il porte le début de Seeds of Gold, premier single du disque, une ballade assez pop avec un refrain très optimiste qui change pas mal des ambiances plutôt sombres du premier album, on a d’ailleurs une tonalité plus sereine, plus joyeuse sur une bonne partie des chansons de Birds in the Storm.

On lui préfèrera Inner Street, encore plus appuyée sur le piano, moins "poppy", mais dont le refrain très accrocheur fait mouche quand même.

Découdre

Et passé les 4, 5 morceaux "tubesques" placés au début, la deuxième moitié du disque laisse encore plus de place au piano, se finissant même par une ballade piano-voix uniquement, Embers dont la ligne de chant ressemble beaucoup à celle d’endless song qui ouvrait le premier album. On n’en tiendra pas rigueur à Simon étant donné que ce n’est qu’un cas isolé, les morceaux de ce disque apporte vraiment quelque chose de nouveau dans l’univers d’AaRON.

Néanmoins on pourra reprocher à cette seconde moitié de disque son côté assez décousu : Song For Ever, un morceau essentiellement basé sur la guitare, très mélancolique, mais qui n’a pas la même capacité à émouvoir qu’un mister K dans on sent un peu l’ombre mais cela tient pour beaucoup au style de jeu et de composition d’Olivier. Derrière, Arm Your Eyes qui commence dépouillé mais relance vite la machine et surtout le très bon Birds In The Storm beaucoup plus emporté, plus riche en instrumentation.

Et on repart dans quelque chose de plus calme avec the lame souls, morceau un peu plat musicalement mais où on apprécie le terrain sur lequel s’aventure la voix au début. A Thousand Wars a le même problème, à la limite entre le dépouillé et le peu pauvre, malgré un très beau son de guitare, malgré un chanteur de grande classe, il manque quelques petites choses pour l’habiller.

Et on repart sur du pêchu avec un Passengers très efficace mais qui manque peut être de subtilité (ou alors c’est l’effet fin de disque). Et puis ça retombe à nouveau sur Embers et son piano-voix évoqué plus haut, c’est joli mais sans plus.

Épiloguer

Ça serait dommage de conclure là-dessus, Birds in the Storm ne sera donc pas un de ses albums pour lequel on n’a jamais besoin d’appuyer sur la touche avance rapide, contrairement à son prédécesseur (y a bien que la dernière, encore une ballade piano-voix tiens, qui me lasse).

Néanmoins il est rempli de très bonnes chansons et d’autres qu’on a envie de prendre le temps d’approfondir, alors il fera partie sans contexte des disques qu’on a envie d’écouter encore et encore.

Et surtout il montre un groupe qui a su évoluer de manière intéressante et qu’on est impatient de voir défendre en live ces nouveaux morceaux.

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publié par le 27/02/11